Les poèmes
qui l'ont
inspiré
Ce site se propose de faire connaître l’œuvre musicale d’un compositeur français Claude Tricot.
Claude Tricot (1926-2009) mena parallèlement une carrière universitaire scientifique à Montréal puis à Genève, et une activité d’organiste et de compositeur.
Ses compositions sont fondées sur l’harmonie naturelle qui fonde la musique de Jean-Philippe Rameau.
C’est une recherche de la juste beauté.
Il accorda une attention particulière à la mélodie française, inspiré par des poèmes de toutes époques, du 16e au 21e siècle.
Il pleure dans mon cœur
Paul Verlaine
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette Langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écoeure.
Quoi ! Nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.
C’est une étrange peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine.
Viens, une flûte invisible
Victor Hugo
Viens !- une flûte invisible
Soupire dans les vergers. -
La chanson la plus paisible
Est la chanson des bergers.
Le vent ride, sous l’yeuse,
Le sombre rempart des eaux. -
La chanson la plus joyeuse
Est la chanson des oiseaux.
Que nul soin ne te tourmente.
Aimons-nous ! Aimons toujours ! -
La chanson la plus charmante
Est la chanson des amours.
Le Pont Mirabeau
Guillaume Apollinaire
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Je vis, je meurs
Louise Labé
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.