L'histoire de Claude Tricot
Claude Tricot naît en France le 25 Février 1926 à Colombes (92). Ses grands-parents occupaient une partie du château, ruiné par la Révolution, où séjourna la reine Henriette, fille d’Henri 1V, veuve du roi d’Angleterre Charles 1er Stuart. Ces lieux marquèrent son enfance.
Son père, sculpteur animalier, quitte très tôt le foyer ; sa mère, soucieuse de donner à son fils une éducation musicale, l’inscrit à six ans aux cours de piano proposés par la mairie de l’époque. Quand la guerre fut déclarée, elle l’envoie en pension à Chartres, où l’organiste, remarquant ses dons, perfectionne sa technique. Brillant élève au lycée Pasteur, à Neuilly, il poursuit ses études musicales et découvre le Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels de Jean-Philippe Rameau, qui, plus tard, orientera ses recherches de compositeur.
C’est alors qu’il fait la rencontre de Victor Gille. Ce célèbre pianiste ayant connu plusieurs élèves de Chopin notait :
« Chopin voulait par instants, tant il aimait le jeu lié, que dans une gamme la main s'inclinât du côté du petit doigt pour monter et du côté du pouce pour descendre ; il se plaisait à faire un glissando avec l'ongle de son troisième doigt, pour donner au poignet et à la main l'inclinaison souhaitée ». Cette participation de la main par un imperceptible mouvement latéral dans le sens du trait était une des conditions de l'égalité du jeu de Chopin, tant admirée par les contemporains.
Source : J.J Eigeldinger, Chopin vu par ses élèves
Victor Gille transmit cet art à son jeune disciple : Claude Tricot le pratiqua avec bonheur toute sa vie, jusqu’à la perfection.
À vingt-deux ans, suite à de graves problèmes de santé, il quitte Paris et son travail à l’Institut météorologique, et accepte un poste d’organiste à Orléans, puis à Pithiviers, où il s’installe avec sa jeune femme. Il est titulaire des grandes orgues de l’église Salomon, œuvre du facteur Jean-Baptiste Isnard.
Claude Tricot poursuit sa double carrière scientifique et musicale ; professeur à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal, il trouve une nouvelle source d’inspiration au sein de la nature canadienne, notamment sur les bords du lac Saint Louis puis du lac Nominingue, dans les Laurentides, où il passe ses vacances en famille. La suite des quatorze petites pièces pour piano Croquis d’un voyage au lac (publié dans l’album Préludes aux éditions Choudens) illustre cette période de maturité.
"De la musique avant toute chose"
Paul Verlaine, Art poétique
De retour en Europe, professeur au département d’économétrie à l’Université de Genève - en Statistique et Calcul des probabilités - Claude Tricot fait l’acquisition du piano de sa vie, un Erard des années 30 ; il compose pour ses instruments : flûtes, clavecins, viole d’amour. Plus de quatre-vingt trios pour flûtes soprano, alto et ténor (ou basse) – et cent-vingt duos pour viole d’amour et flûte alto – ou pour deux voix d’altos – Ces manuscrits sont déposés à la Bibliothèque Nationale.
Retiré dans la demeure familiale en Normandie, le musicien répond aux sollicitations de ses amis qui veulent fêter ses soixante-dix ans et entreprend un nouveau genre de composition : la mélodie. L’œuvre Mathilde sur les poèmes de Paul Verlaine relatant son histoire amoureuse avec sa femme, est créée le 14 Mai 2000 au salon doré du Château de Breteuil (78) avec la soprano Gaële Le Roi et la pianiste Jia Zhong. Nouveau concert le 1er Octobre 2001 au Théâtre Le Ranelagh à Paris, avec la soprano Isabelle Poulenard et la pianiste Nathalie Steinberg.
Cette année-là, Claude Tricot achève la composition de l’entretien musical Thérèse en l’honneur de Thérèse de Lisieux, déclarée Docteur de l’Église universelle. Cette œuvre est créée à Paris le 21 Janvier 2002, avec l’actrice Brigitte Fossey en l’église St Honoré d’Eylau à Paris.
Au printemps des poètes 2003, dans les salons de la mairie du16e arrondissement de Paris, création d’un nouvel entretien musical Amour ; y sont interprétées les mélodies du compositeur sur les poèmes les plus variés de Charles d’Orléans, Louise Labé, Victor Hugo, Pierre Louÿs, Guillaume Apollinaire….
Parallèlement, il poursuit l’enregistrement de ses œuvres, à Versailles, avec Rejoyce Musique, puis dans les studios de Radio France : l’ensemble de Philippe Renard interprète ses trios de flûtes, Jean-Pierre Lacour, violoniste, présente les duos avec viole d’amour. La soprano Cécile Dibon-Lafarge, fut pour le compositeur, en musique vocale, l’interprète idéale qu’il accompagna au piano, jusqu’à la fin.